« S’il faut réorienter le projet, on le fera » est la promesse de Ségolène Royal ce mardi 16 décembre. Le ministre de l’Environnement dit aussi qu’il faut « entendre ce que disent les commissions d’enquête publique » comme sur le projet de Center Parcs qui a rendu un avis négatif.
Le ministre a été interrogé sur BFMTV alors que le tribunal administratif de Grenoble doit décider jeudi de suspendre ou non les travaux du Center Parcs de Roybon. Une audience jugée cruciale pour l’avenir de ce projet controversé.
Je préviens ceux qui décident de projets sans écouter au préalable. »
« Il faut écouter ce que disent les commissions d’enquête, il faut ajuster les projets en conséquence. Nous attendons une décision du tribunal saisi de l’affaire là-bas », a souligné Mme Royal. « On va attendre, et puis s’il faut réajuster le projet, on le fera, mais je préviens ceux qui décident des projets sans écouter ce qui a été dit avant parce que c’est dommageable pour les entreprises. »
Elle a rappelé que « apparemment, un certain nombre d’observations ont été faites par la commission d’enquête avant que la décision ne soit prise. Lorsqu’un projet est lancé, les entreprises se mettent en mouvement, s’organisent, font de la publicité, attendent les commandes. Donc ceux qui font des projets. » sont imparfaits, rendant un mauvais service aux entreprises.
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La parole est au tribunal administratif
Après quatre requêtes, la juge de chambre n’a pas à se prononcer sur la pertinence du projet ce jeudi. Il n’a qu’à décider de suspendre ou non le défrichement, puisque deux arrêtés du préfet de l’Isère sont réglementaires les 3 et 16 octobre. Ces décrets ont donné le feu vert au démarrage des travaux : l’un autorise le projet dans le cadre de la loi sur l’eau, tandis que l’autre autorise la destruction d’une cinquantaine d’espèces protégées ou de leurs habitats (amphibiens, reptiles, écureuils, crabes à pattes blanches, etc.).
L’association Pour les Chambaran sans Center Parcs (PCSCP) a appelé à un rassemblement silencieux en début d’audience. « Il y a des arguments très sérieux » pour abroger ces décrets, estime Raymond Avrillier, militant écologiste grenoblois et grand spécialiste des réclamations administratives.
Un tel rapport « tout à fait défavorable », « c’est rare », a évalué l’ancienne ministre de l’Environnement Corinne Lepage et appelé à « un examen beaucoup plus approfondi des choses ». « C’est la première fois que je vois une enquête publique défavorable et un préfet siéger malgré tout », explique Christian Brély, président de la Fédération Drôme de pêche, qui a saisi la justice.
La préfecture fait valoir que le groupe touristique et immobilier Pierre & Vacances a amélioré son projet et répondu à toutes les critiques de la commission d’enquête, par exemple « en proposant la restauration et l’amélioration des zones humides dégradées sur une superficie de 152 hectares » . .
« Nous sommes très critiques sur les conditions de cette amélioration », répond Francis Meneu, président de la Frapna (Fédération Rhône-Alpes pour la protection de la nature).
Isère. En tout cas, ça n’a pas été discuté. » Il juge qu' »une nouvelle enquête publique aurait dû être diligentée car de nouveaux éléments inconnus du public ont été présentés ».
La préfecture répond que « le public a été largement consulté sur ce projet » car « cinq enquêtes publiques ont été organisées depuis 2009, au cours desquelles
il pouvait s’exprimer largement ».
Les opposants critiquent également le manque de motivation des arrêtés préfectoraux, ce qu’ils disent ne pas respecter le processus de consultation du Conseil national de la conservation ou l’absence de recherche de sites alternatifs. « Nous ne sommes pas contre la création d’un Center Parcs en Isère, sauf que l’emplacement a été très mal choisi : c’est le château d’eau de la Drôme, une belle forêt », argumente Christian Brély.
Eric Posak, avocat de l’association PCSCP, est confiant dans ses chances de succès et estime que l’arrêt des travaux apporterait « l’apaisement » après les tensions de ces dernières semaines, exacerbées par l’arrivée de militants « zadistes » sur le site.
Center Parcs a été créé en 2007 et a déjà fait l’objet de nombreux recours. Vendredi, la région Rhône-Alpes a pris ses distances avec le projet, son président Jean-Jack Queyranne (PS) appelant à ce que le dossier soit « relu » avant de pouvoir bénéficier d’une subvention décidée en 2009.