« L’Affaire Bonfanti », la disparition d’une mère résolue 36 ans plus tard

Une deuxième explication concernant boîte froide en moins d’un an. Après l’affaire Marinescu, les enquêteurs du service de recherche de la gendarmerie sortent Grenoble je viens de Résoudre le mystère de la disparition de Marie Thérèse Bonfanti. Trente-six ans après les faits, un homme de 56 ans a été mis en examen pour « enlèvement, séquestration et meurtre », a indiqué le procureur Eric Vaillant lors d’une conférence de presse ce jeudi après-midi. Le suspect a passé aux aveux dimanche, a-t-il précisé, confirmant une information de RTL et du Dauphiné Libéré. L’occasion de faire le point sur les éléments des dossiers dévoilés ce jeudi.

Qui était Marie Thérèse Bonfanti ?

La victime, alors âgée de 25 ans, était mariée et mère de deux enfants, dont un bébé de six mois. Le 22 mai 1986, elle se rend au 1140 avenue de la Gare à Pontcharra. Là, elle doit livrer des journaux à un tiers, qui les distribue ensuite sur place. A l’adresse indiquée se trouvait une maison qui avait été détruite entre-temps, avec six appartements occupés par des locataires. Un autre immeuble résidentiel attenant à cet immeuble était occupé par le propriétaire de l’appartement locatif.

À 15 h 30, un voisin l’a vue debout à côté de sa voiture avec un paquet de journaux à la main. Puis elle se dirige vers l’entrée des locataires. « C’est la dernière fois qu’elle sera vue », assure le procureur Boris Duffau. Dans la soirée, son mari, inquiet de ne plus la retrouver, signale sa disparition aux gendarmes.

Quels sont les premiers éléments de l’enquête ?

Le soir même, les militaires ont découvert la voiture de la victime près de la maison. Les clés de la voiture sont sur le tableau de bord et son sac à main est sur le siège passager. Pendant dix jours, les enquêteurs passeront au peigne fin le quartier à sa recherche. Vaine. Ils soupçonnent trois personnes, à commencer par le mari. Mais son emploi du temps l’excuse très vite. Le destinataire des journaux est également suspecté. Après vérification, il est disculpé car le 22 mai 1986 il se trouvait à la maternité de Chambéry où sa femme venait d’accoucher. Yves C demeure, un jeune homme de 21 ans, propriétaire des locations. C’est lui qui habite à côté.

« Son profil et son bagage juridique retiendront l’attention des enquêteurs », souligne Boris Duffau. Nous devons le remercier pour sa première attaque à l’âge de 14 ans, dans laquelle il a attaqué un cycliste. « En avril 1985, il a étranglé un automobiliste. Il est condamné à huit mois de prison avec sursis et à 5 000 francs d’amende », révèle le substitut du procureur.

Une semaine après la disparition de Marie-Thérèse Bonfanti, le suspect et son épouse sont placés en garde à vue. Vos coordonnées ne correspondent pas et restent approximatives. Faute de preuves suffisantes, le couple est libéré et un non-lieu est prononcé par le juge d’instruction en novembre 1987. Puis confirmé en appel en juin 1988.

Quels éléments ont permis de rouvrir le dossier ?

Il a fallu attendre 2020 pour que le frère de la victime convainque les autorités judiciaires de rouvrir l’enquête. Dans « une sorte de mémoire circonstancié », adressé au parquet de Grenoble, il argumente « de manière particulièrement détaillée » pour quelles raisons une réouverture du dossier apparaît nécessaire. « Cette mise au point est avant tout le fruit de la persévérance des familles, qui ont été aidées par leurs avocats et les associations des familles de disparus », confirme Eric Vaillant.

Le groupe Cold Case du département de recherche de Grenoble, formé en 2021, dont les membres ont travaillé sur les meurtres de Grenoble Maelys de Araujo et de Victorine Dartois, a mobilisé trois gendarmes au cas où. « Ils se sont appuyés de manière particulièrement belliqueuse sur la qualité des enquêtes des premiers soldats, qui avaient tenu compte, entre autres, de la piste que nous avons exploitée », explique le colonel James, le chef de la cellule des affaires froides. Après avoir travaillé sur plusieurs hypothèses, c’est la seule qui a été cohérente avec les recherches menées. »

Seuls compte tenu de l’ancienneté des faits et de la difficulté à retrouver les scellés de l’époque, les gendarmes ont dû « reconstituer l’intégralité de la procédure » en fouillant dans différents types d’archives, comme le service historique de la défense à Vincennes, en les fermant par  » documents appartenant à la famille ou aux voisins de la victime ».

Qu’a dit le suspect en garde à vue ?

Au vu des résultats obtenus par les gendarmes, Yves C. est de nouveau interpellé le dimanche 8 mai 2022. Reconnaissant les faits, il explique avoir eu « une altercation verbale » avec la mère de famille. « Sa voiture était sur son chemin. De retour chez lui, Marie-Thérèse Bonfanti lui rend visite chez lui pour lui demander de s’excuser de son comportement. Puis il l’a attrapée par le cou à deux mains et l’a tuée par strangulation », raconte Boris Duffau, précisant qu' »à ce stade il n’y a pas de connotation sexuelle ».

Puis l’homme a chargé son corps dans le coffre de sa voiture, a parcouru quelques kilomètres et l’a jeté en pleine nature. « Il n’a donné aucune autre raison pour expliquer son geste », poursuit le procureur, précisant que l’enquête est en cours.

Le suspect sera-t-il traduit en justice ?

Comme dans la plupart des affaires froides, la question du délai de prescription se pose. « Le délit pénal d’enlèvement et de séquestration est un délit permanent, il n’est toujours pas obligatoire malgré les 36 dernières années », répond Eric Vaillant. Mais faut-il encore le prouver ? Seule l’enquête le fera. Si l’enlèvement et la saisie ne sont pas prouvés, le meurtre reste « probablement soumis à prescription » (10 ans après le dernier acte d’enquête enfreignant la prescription).

« Il va y avoir un contentieux juridique complexe à ce sujet, ce qui était clair dès le départ pour les juges et avocats responsables », prédit le parquet. Et d’ajouter : « Le procureur de Grenoble plaidera l’absence de prescription du meurtre, mais la Cour de cassation devra probablement intervenir pour clore définitivement le débat, comme elle a déjà dû le faire par le passé. »






Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir des actualités et des offres spéciales sur les choses à manger, boire, voir et faire à Grenoble !

Nous ne spammons pas ! Lisez notre politique de confidentialité pour plus d'informations.

Objets similaires

commentaires

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

évènements à venir

La carte Kdo, une nouveauté au TMG ! – La vie du TMG

Offrez des spectacles grâce à la nouvelle carte cadeau ...

Dumoulin au muffin, amour et gourmandises de fin d’année

Cannelle, bonhommes en pain d’épices, douceurs chocolatées… À l’approche de Noël, ces gourmandises et saveurs nous font tous retourner en enfance. C’est là que...

Que faire à Grenoble en décembre ? L’agenda des sorties

Nous y sommes enfin ! La période de l’année où une ambiance joyeuse émane des rues de la ville, où les décorations s’illuminent, où...