En septembre 2012, Kévin et Sofiane, deux jeunes du quartier des Granges à Echirolles, ont été tués de multiples coups de couteau par des jeunes de la commune voisine. Dix ans après les événements, Aurélie Monkam-Noubissi, la mère de Kevin, milite toujours pour l’apaisement et la non-violence dans les quartiers.
C’était il y a plus de 10 ans, le 28 septembre 2012, Kévin et Sofiane ont été abattus dans un parc Échirollesune commune de la banlieue sud de Grenoble. Poignardés et battus à coups de barres de fer, de marteaux, de manches en bois et de bouteilles, les deux jeunes hommes ont été pris dans une embuscade d’une violence effroyable organisée par des jeunes de la ville voisine. Kévin a reçu huit coups de couteau, il est mort sur le coup. Sofiane avait trente et un ans et est décédé à l’hôpital après un long calvaire. L’un des prévenus avouera même s’être fait rouler un scooter sur la tête.
Après le drame, Mohamed têtardLe père de Sofiane avait demandé justice dignement. Aurélie Monkam Noubissila mère de KévinIl a fait état d’une réelle « implacabilité » mais n’a jamais montré de colère. « Le souvenir que j’ai, c’est que les premiers mots que j’ai prononcés doivent être marqués car j’étais dans une volonté d’apaisement, se souvient-elle, invitée à France 3 Alpes. J’ai tout de suite voulu calmer les sentiments de haine qui pouvaient gronder chez certains jeunes du quartier. »
2 octobre, Une marche blanche est organisée à Échirolles. Il réunira près de 20 000 personnes. « Toute la population était concernée, jeunes comme adultes. À cause de mon travail, je ne m’implique pas beaucoup dans la vie du quartier puisque je suis pédiatre. Cependant, juste après l’événement, ils se sont tous réunis dans le MJC faire des banderoles du quartier était quelque chose de très spontané », raconter La mère de Kévin.
Un an et demi après les événements, en février 2013, treize jeunes hommes ont été arrêtés et inculpés de meurtre. Douze seront inculpés de meurtre au premier degré devant la cour d’assises de l’Isère à partir de novembre 2015, un seul bénéficiera d’une relaxe. Deux de Douze Les accusés avaient moins de 18 ans à l’époque. Dix sont condamnés à une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 22 ans d’emprisonnement comme peine la plus sévère.
« C’était un moment très dur, j’étais un torrent de larmes. Il y a ce que nous représentons et ce que nous vivons derrièreconfié Aurélie Monkam Noubissi. Chaque fois que je voulais m’assurer qu’aucun des jeunes ne s’effondre, c’était ma responsabilité. Je m’attendais à votre déception lorsque le verdict a été prononcé. Les jeunes suspects ne se sont jamais remis en question et c’est très blessant. »
Malgré la douleur qu’elle éprouve, l’indifférence et le déni de l’accusé, la mère Kévin croit au salut et appelle au pardon. Elle rapporte cet appel dans son livre The Ripped Belly (bayard, 201), ce qui lui a valu le surnom de Mère Courage.
« Aujourd’hui, dix ans plus tard, on peut dire qu’on tient debout, en fait on s’est soutenu dans la communauté. L’élan que nous avons créé nous a aidés. Quand je dis nous, je veux dire ma famille et la famille de Sofiane. Nous avons inspiré quelque chose de dynamique à toute la population, quelque chose qui nous a portés, qui nous a élevés. Et aujourd’hui c’est cette non-violence qui nous tient encore à cœur, c’est la vie pour nous », conclut la mère de Kévin.
Vous pouvez retrouver le témoignage complet d’Aurélie Monkam-Noubissi dans l’émission L’Instantané, qui sera diffusée sur France 3 Alpes le 22 novembre à 18h53.
