Les salariés de l’entreprise Toupargel (rebaptisée Place du Marché depuis 2021), basée à Civrieux-d’Azergues (Rhône), se sont réunis le 3 janvier au tribunal de commerce de Lyon, où s’est tenue une audience préliminaire. Après des mois de recherche d’un repreneur, les salariés ne croient plus en la possibilité de sauver leur entreprise.
Une dizaine d’entre eux se sont rassemblés devant le tribunal de commerce de Lyon ce mardi matin 3 janvier 2022. Les salariés de la Place du Marché (anciennement Toupargel), une entreprise de livraison de produits surgelés basée à Civrieux-d’Azergues sur le Rhône, ont souhaité que leur affaire soit entendue une dernière fois.
En l’absence d’acheteur, son entreprise fera faillite dans une semaine. 1 600 travailleurs se retrouvent au chômage. Ils sont 1900 au total avec toutes les entreprises associées dans toute la région. Dans notre région, plusieurs centaines de salariés sont concernés à Civrieux-d’Azergues, Villeurbanne (Rhône), La Tour du Pin, Grenoble (Isère) et Saint-Vallier (Drôme). La liquidation judiciaire doit être prononcée le 11 janvier.
« On y croyait quand on avait un candidat à la reprise, mais quand on s’est rendu compte que ça n’allait pas », explique Sandrine Goubert, déléguée CGT de l’entreprise. L’enseigne commerciale Tazita, déjà implantée dans la région, s’est positionnée dans le dossier avant de se retirer.
« Ils voulaient faire du click and collect à Villeurbanne par exemple, mais ce n’est pas possible sur notre site là-bas », poursuit-elle. Sandrine Goubert ne cache pas sa tristesse, qu’elle partage avec ses confrères. « Même si l’OPA n’a touché que la moitié des salariés, on s’est dit, ça y est. Aujourd’hui, on n’y croit plus du tout.
Certains sont là depuis 30 ans
Les salariés ont déjà constaté une reprise, et pour cause. Il y a exactement deux ans, le 6 janvier 2020, Toupargel était déjà racheté par la famille Badourian, actionnaire du groupe Grand Frais. Une reprise qui a conduit au changement de nom de l’enseigne de la Place du Marché en mars 2021. Le nouveau projet n’a donc pas vu le jour.
« On parle de 1.600 personnes qui vont perdre leur emploi », poursuit Sandrine Goubert. « Beaucoup sont avec nous depuis 10, 20 ou 30 ans. Vous avez cinquante ans, alors trouver un emploi ne sera pas facile.
Affecté par « des éléments externes imprévisibles et incontrôlables »
Une source proche du dossier, contactée par l’AFP, s’est dite positive, estimant que « malgré le délai de l’offre » pour la reprise, « tout n’est pas encore prêt », a-t-elle précisé. Si des candidats sérieux se présentent, une reprise pourrait encore être envisageable, selon cette source.
L’entreprise doit faire face à « des éléments extérieurs imprévisibles et incontrôlables » comme la crise sanitaire puis la vague d’inflation, a-t-elle plaidé fin octobre puis demandé à être placée en procédure conservatoire.
Nous laissons tomber 280 000 clients.
Un employé
La direction espérait « trouver des solutions, comme soutenir un partenaire à forte notoriété, qui pourraient permettre à la Place du Marché de trouver l’équilibre nécessaire à sa rentabilité ».
« La semaine prochaine, nous appellerons les clients pour leur dire au revoir », soupire un représentant du personnel. « Nous laissons 280 000 clients sur le carreau. »
Le tribunal de commerce de Lyon, qui a placé la société en redressement judiciaire le 29 novembre, doit réexaminer sa situation lors d’une audience prévue le 11 janvier. En l’absence de candidat à la reprise, il pouvait ordonner la liquidation de la société.
Interview de Sylvie Cozzolino et Marjorie Nadal
