A la cafétéria du 20 Minutes, le débat bat son plein. Est-ce une bonne idée d’amener son chien ou son chat au travail ? « Oh lala, ce serait super, on pourrait jouer avec pendant la journée. Moi qui n’ai pas d’animaux à la maison, j’en profiterais un peu », confie un collègue. « Non, mais pas question, je te soutiens déjà, tu me suffis », grogne un autre. Notre direction a décidé, c’est un veto. Cependant, certaines municipalités ont déjà sauté le pas. Depuis juin 2021, la mairie de Grenoble autorise ses employés à amener leurs chiens au travail. La ville de Nice et Suresnes dans les Hauts-de-Seine ont également décidé de le faire. La ville de Paris l’a annoncé en octobre le sujet a été abordé au sein du conseil municipal.
Au fur et à mesure que la pratique se développe dans les communautés, certaines entreprises privées ont déjà sauté le pas. « Les animaux sont acceptés dans mon travail, à condition que ce soit à l’heure et que les collègues proches soient d’accord. C’est surtout des chiens, mais nous avions aussi un chat », raconte Sandra, une de nos lectrices. « J’ai déjà emmené mon chien au travail car j’étais seul au bureau et c’était rassurant mon animal à côté de moi », se souvient Marie-Noëlle.
Un labrador comme « manager du bonheur »
Et c’est la principale raison qui motive de nombreux employés. « Nous avons deux chiens dans notre entreprise. C’est super parce que ça nous permet de lâcher prise », déclare Rolande. « Cela détend tout le monde et augmente la productivité des employés », ajoute Leïla. « Un animal calme. Les relations et les conditions de travail seraient meilleures. L’atmosphère s’améliorerait certainement aussi », dit Flora.
Sébastien imagine que faire revenir l’animal pourrait même favoriser davantage la cohésion de groupe que le séminaire ou le « team building ». Et pourquoi ne pas inciter les salariés à s’autoriser davantage d’interruptions dans la journée ? « Par exemple, on pourrait l’emmener se promener pendant les pauses, ce qui favorise l’oxygénation et la marche. C’est très bien pour santé ! Anne-Sophie s’extasie.
Pour d’autres, ce serait aussi une bonne nouvelle pour les animaux. « Je pense que cela peut être bénéfique pour tout le monde. L’animal en question serait heureux de rencontrer des gens et d’attirer l’attention, voire l’amour, de ses collègues », pense Cyril. Cela pourrait même être moins stressant pour Esther de ne pas savoir que son animal est seul à la maison. « J’ai deux teckels, si je pouvais les emmener au travail, je pourrais être plus détendu sur mes horaires en arrêtant de me demander s’ils ont besoin de sortir. »
« Je l’ai vécu et c’est l’enfer »
La seule condition, selon nos lecteurs, est que les animaux s’entendent bien, contrairement à leurs collègues Catherine et Jean-Yves de la comptabilité. « Il est évident que les chiens, les chats et les autres ne seront pas toujours amis. Certains animaux s’entendent et certains se détestent. Les conséquences peuvent être dramatiques », estime Loïc, avant de poursuivre : « Quand les humains ont la diplomatie et la résignation pour affronter les difficultés relationnelles avec les autres, les animaux n’ont que l’instinct de se défendre. Seul hic, l’instinct d’un animal dont le moyen de défense est l’attaque. Je ne pense donc pas que ce soit une bonne idée de remettre vos animaux au travail. »
« Par contre, que faire des gens qui ont peur des chiens ? demande Esther. Et c’est tout l’intérêt de ce sujet. Contrairement à ce que les propriétaires de chiens vous assurent au parc, « que Marley a un cœur », les animaux ne sont pas d’accord. « Je suis contre l’idée de remettre les animaux au travail. Je suis passé par là et c’est l’enfer. Un animal n’a pas sa place sur le lieu de travail », explique Stéphane. Même constat avec Varoon : « L’idée est bonne, mais pour le bien-être des uns on risque de créer de la souffrance et de l’amertume chez les autres. »
Nous avons pu trouver cet acide pour les personnes allergiques aux animaux, qui n’applaudiront certainement pas l’annonce de leur direction. Parce que la vie est suffisamment mauvaise pour que les animaux donnent à certaines personnes les réactions les plus inconfortables : yeux qui piquent, gorge qui pique, nez qui coule. [l’autrice de ce papier fait partie de cette communauté]. « Si c’est un collègue qui amène son animal de compagnie, on a plus de possibilités de contester sa venue, mais est-on écouté ? demande Varon. À vrai dire, nous ne savons pas, Varoon, mais nous espérons que ce débat animalier est toujours proposé avec une diplomatie d’entreprise.